Le FMI est la proie de bien des convoitises. On avait vu sur ce blog le mois dernier comment les Etats-Unis souhaitaient amoindrir la "puissance" européenne afin de faire plus de place aux pays émergents (voir par ailleurs). Aujourd'hui, c'est l'heure du grand marchandage. Comme nous le signale ce papier publié par les Echos, l'assemblée générale annuelle du FMI qui se tient depuis le week-end dernier s'annonce des plus tendues. Les 184 pays membres doivent en effet solutionner la gouvernance de l'institution. Les grands pays émergents réclament, à juste titre, une plus grande représentativité dans la conduite de la politique du fonds alors que les USA ne veulent pas voir leur influence se retreindre. Ainsi, la négociation actuelle vise à transférer 5% des droits de vote des pays riches vers les pays émergents (alors que 3% ont déjà été transférés en 2008 vers la Chine, le Mexique, la Corée du Sud et la Turquie). L'institution mondialiste tente aussi de réformer la formule propre à comptabiliser les droits de vote. "Les Etats-Unis plaident pour que le PIB ait une importance prépondérante. Les pays émergents, eux, plaident plutôt pour un PIB en parité de pouvoir d'achat, et non en valeur nominale. Ce qui aboutirait à renforcer fortement leur poids. Selon les dernières propositions faites en juillet, la nouvelle formule proposée n'aboutirait qu'à un transfert de moins de 3% des droits de vote vers les pays émergents. On est loin du compte". Comble de l'horreur, certains pays ont des droits de vote trop importants par rapport à leur poids économique (Arabie Saoudite, Argentine, Afrique du Sud et Inde) alors que d'autres au contraire n'en ont pas assez (le Luxembourg par exemple). Bref nous sommes dans un grand marchandage digne du Bazar d'Istanbul. Les Européens veulent bien faire des concessions mais exigent que les Américains renoncent à leur droit de veto. Ce qui n'est pas du goût de Washington. En résumé voilà une institution totalement bloquée par les envies de chacun. Heureusement que l'on ne cesse de nous parler de "gouvernance mondiale". En fait, le FMI comme l'ONU, l'OMC, l'OTAN c'est un "machin" anglo-saxon contrôlé par les USA et leurs sbires britanniques. L'un des enjeux du basculement de l'économie vers l'Asie, c'est la modification symétrique de ce contrôle. On va bien rire ces prochaines années car cette modification est inéluctable. En ce moment, les Américains freinent des quatre fers mais ça ne pourrait ne pas durer longtemps. L'Empire en carton montre de plus en plus des signes de faiblesse. Ils savent que leur heure est terminée mais ils le digèrent mal, très mal...Ces discussions de marchands de tapis ne sont pas prêtes de se terminer...
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