dimanche 19 septembre 2010

La modernité comme recul de progrès...

La modernité est-elle un gage d'augmentation de la qualité de vie ? Pendant des lustres, on nous l'a fait croire. L'évolution technique permettait soi-disant d'alléger le travail et de libérer du temps libre. Or cette promesse ne s'est jamais réalisée. C'est même le contraire qui s'est produit. Alors que nous sommes toujours mieux équipés, nous avons toujours plus le sentiment de manquer de temps. Prenons l'exemple de la voiture : la plupart des ménages en possède une ce qui ne fait qu'augmenter automatiquement le temps de transports notamment dans les grandes villes. Comme nous le signale cet article publié dans le Monde, c'est cette théorie qui est exposée dans le livre du philosophe allemand Hartmut Rosa "Accélération". D'après lui, la modernité entraîne une accélération du rythme de vie d'où la création des fast-food, du speed dating ou de l'internet haut débit afin de faire plusieurs choses à la fois. "A l'échelle individuelle, d'abord, le stress, l'hyperactivité ou, au contraire, la dépression sont ses pathologies, chacune plus fréquente aujourd'hui. Les identités deviennent tissées d'expériences juxtaposées : chaque engagement, amical, amoureux, politique ou religieux finit par prendre la forme d'un projet sans projection. "On n'est plus boulanger, conservateur ou catholique en soi, mais à un moment donné et pour un présent à la durée imprévisible mais qui tend constamment à se réduire" explique Hartmut Rosa. A l'échelle des sociétés, ensuite, l'évolution économique et technique et la politique sont "désynchronisées", si bien que les "véritables processus politiques permettant l'articulation et la synthèse des intérêts et la délibération démocratique deviennent de plus en plus difficiles". Le discours de la crise, la multiplication des politiques d'urgence, la "prévalence de l'exécutif sur le législatif" sont, pour Monsieur Rosa, parmi les conséquences de la pression exercée par l'accélération sur le monde politique. En produisant des individus sans avenir et des gouvernants réactifs plutôt qu'actifs, le "noyau de la modernisation" s'est en définitive "retourné contre le projet de la modernité". Autant dire que la situation est grave d'autant que Hartmut Rosa voit l'avenir en noir. Pour lui, la société va avoir le choix entre la catastrophe ou la barbarie. Un peu comme si on nous demandait de choisir entre la peste ou le choléra...

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