En matière d'argent, les Suisses sont réputés pour être les maîtres du monde. Afin d'apprécier au mieux une situation qui devient de plus en plus "dangereuse", quoi de mieux que de recueillir l'avis d'un financier helvète. C'est Olivier Crottaz, responsable du site
La Chronique de Crottaz Finance qui s'y colle. Son analyse sans concession est particulièrement décoiffante :
"Effectivement tout est faux dans cette reprise (c'est du fake à l'américaine). Les décors sont en plâtre et plastique, les vitres en faux verre,... Les nouvelles sont toutes plus mauvaises les unes que les autres et le marché des actions s'en moque totalement. Comme je l'ai écrit ici le plus difficile en finance c'est le market timing : mais je n'arrive toujours pas à comprendre la psychologie (c'est ce qui rend mon métier passionnant) des intervenants qui "jouissent littéralement" lorsqu'une société annonce des résultats meilleurs que ceux attendus (alors qu'ils sont de 70% inférieurs à ceux de l'année précédente et qu'ils continuent à se détériorer). Lisez cet article et vous comprendrez que c'est Armageddon qui se prépare comme dans les années 1930 ; voici un mail échangé avec un vieil ami. Il m'écrit (et il a totalement raison) : les gouvernements et leurs banques centrales n'ont pas le pouvoir de faire la pluie et le beau temps. Si l'histoire doit être un guide, ils ont surtout le pouvoir d'empirer les choses et c'est ce qui arrive à nouveau aujourd'hui ! Les banques centrales ne décident pas du niveau des taux d'intérêts, le marché le dicte. Elles peuvent faciliter le crédit mais ne peuvent pas forcer les banques à prêter ou les gens à emprunter. Elles ne peuvent pas imprimer des billets de banque pour les distribuer. Elles peuvent par contre monétiser des bons du Trésor dans une certaine mesure (acheter des bons avec de l'argent qu'elles créent par un simple jeu d'écritures). En effet, le marché a le dernier mot et si les banques centrales monétisaient de la dette d'Etat à tour de bras, le marché réagirait immédiatement en exigeant des taux d'intérêts beaucoup plus haut, ce qui pénaliserait toute reprise économique. Bref, les banques centrales n'ont pas le dixième du pouvoir qu'on leur attribue généralement. Quant aux Etats, ils vont se trouver bientôt à court de munitions. Qu'ont ils fait pour contrer cette crise : emprunter d'énormes sommes sur les marchés, c'est-à-dire qu'ils ont détourné de l'épargne, pour le gaspiller dans des programmes de soutien complètement débiles et qui n'ont et n'auront aucun effet positif à long terme, bien au contraire. Ces abrutis qui nous gouvernent s'imaginent qu'en dépensant de l'argent tout azimut, ils vont rallumer le moteur de la croissance. Pour moi, c'est risible et triste à la fois. Tout cet argent manquera dans le futur et ainsi, ils ne font que prolonger la crise (comme les politiques de Roosevelt dans les années trente ou les politiques du gouvernement japonais plus récemment).En conclusion, rien ne peut être fait pour éviter cette crise. Les erreurs ont été commises dans le passé et on ne pourra pas faire disparaître ces montagnes de dettes accumulées par un coup de baguette magique. Voilà pourquoi je suis persuadé que nous n'éviterons pas une grande dépression économique dans la plupart des pays occidentaux (USA et Angleterre en particulier). Je ne vois pas d'où la demande pourrait venir pour contrer ces forces récessionnistes et déflationnistes. Les quelques trimestres qui viennent vont d'ailleurs, à mon humble avis, détruire complètement l'idée que les Etats et banques centrales ont le pouvoir d'influer positivement sur la conjoncture. C'est d'ailleurs aussi l'avis de Loïc Abadie.
Moralité : Planquez-vous, ça va saigner. La question à laquelle je n'ai pas de réponse : quand le bain de sang va commencer ?... cela se compte en mois ? en années ? mais il semble que tout est allé trop loin pour que ça ne saute pas prochainement ".
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