Finies les tranchées de Verdun, terminé le pic rocheux du Monte Cassino, le nouveau champ de bataille du XXIème siècle a un nom plus en harmonie avec la modernité : le marché des changes. C'est une dépêche publiée par l'agence de presse Reuters qui nous informe de la poursuite de la guerre des monnaies au point d'en inquiéter jusqu'à Dominique Strauss-Khan. Alors que le dollar poursuit sa baisse sur les marchés, le directeur général du FMI a mis en garde mercredi les pays tentés par l'utilisation de la faiblesse de leur monnaie comme arme économique, en expliquant qu'une telle politique pourrait compromettre la reprise économique. Encore faudrait-il qu'il y a ait eu une reprise ? Il n'empêche que le marché des changes va être au centre des discussions du prochain G7 des ministres des finances qui se tiendra en marge des assemblées générales du FMI et de la Banque Mondiale. Il faut dire que la bataille fait rage en ce moment. Tout le monde y va de son train de mesures pour faire baisser sa monnaies vis-à-vis du dollar afin de pouvoir relancer ses exportations. Et ça ne devrait pas s'arrêter prochainement ; les USA ayant déjà confirmé qu'ils allaient procéder à une nouvelle émission de planche à billets d'ici la fin du mois (plus on imprime de la monnaie, moins celle-ci a de la valeur). Même les voeux du FMI paraissent bien pieux quand on sait que cette institution est aux mains des Américains. De plus, les Etats-Unis font tout leur possible pour voir les Chinois (dont la monnaie est sous-évaluée) augmenter leur taux mais ils se heurtent à une fin de non recevoir. Du coup, c'est le monde entier qui commence à tousser. "Le Brésil évoquant 'une guerre internationale des monnaies', a ainsi doublé la taxation des achats d'obligation d'Etat par les investisseurs étrangers, dans le but de freiner les flux de capitaux vers ses marchés, qui font monter sa monnaie, le réal. La Corée du Sud, elle, menace désormais de restreindre les transactions à terme ; et l'Inde et la Thaïlande envisagent ouvertement des mesures anti-spéculatives. 'Il est naturel dans ce contexte, qu'ils disent : nous ne pouvons pas laisser nos taux de change s'apprécier et détruire nos exportations' a estimé l'économiste Joseph Stiglitz qui juge que les Etats-Unis créent le chaos dans le reste du monde". Autant dire que nous allons assister au retour du protectionnisme avec un grand P, chacun voulant défendre son bifteck. Nous revient alors cette citation de John Adams (1735-1826) : "Il y a deux manières de conquérir et asservir une nation, l'une par l'épée, l'autre par la dette". On vit la seconde. Pour mieux connaître la première ?
vendredi 8 octobre 2010
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