jeudi 14 octobre 2010

Viva Chile merdia...

Alors que l'opération de sauvetage des 33 mineurs bloqués depuis le 5 août au fond d'une mine du Chili vient de s'achever par un immense succès, il est instructif d'en tirer une conclusion qui n'a pas effleuré les commentateurs européistes des médias français. Ce qui frappe le plus un observateur français dans les images retransmises de la mine de San José, c'est la ferveur patriotique qui a entouré la longue préparation et la réussite de toute cette opération : immenses drapeaux nationaux installés partout dans le champ des caméras, y compris au fond de la mine et sur la nacelle, ensemble du public entonnant l'hymne national chilien, premiers mots des rescapés remerciant le Chili, présence continue du président de la République, drapeaux nationaux agités par la foule,... De tels comportements en France susciteraient la réprobation car on hurlerait au nationalisme. Pourtant le général de Gaulle disait : "un patriote est quelqu'un qui aime son pays, un nationaliste est celui qui déteste le pays des autres". A force d'avoir appris aux Français à confondre patriotisme et nationalisme, à force de leur avoir inculqué le réflexe pavlovien d'afficher leur mépris de la France (sauf pour les matchs de foot !), à force de leur avoir fait croire que notre seul salut était de fusionner avec 26 pays d'Europe en nous coupant psychologiquement du reste du monde, notre pas est en train de s'effondrer moralement, psychologiquement, culturellement, économiquement et socialement. Rien de tel au Chili : bien qu'ils ne soient que 16 millions d'habitants, soit quatre fois moins nombreux qu'en France, personne n'exige des Chiliens qu'ils affichent leur mépris du Chili. Personne ne les somme de convenir que leur seule possibilité de survie serait de se fondre avec 26 pays latino-américains dans une prétendue "Union américaine" ingérable et autodestructrice comme nous avons notre "Union européenne" qui nous entraîne dans un gouffre bien pire que celui du Chili. Lorsqu'il a été ramené à la surface le 13 octobre, le deuxième mineur rescapé, Mario Sepulveda, a hurlé sa joie en brandissant le poing et en s'écriant devant les caméras du monde entier : "Viva Chile, mierda". Et merde, vive le Chili. Tout est dit. L'amour de leur patrie et de leurs compatriotes : c'est cela la raison profonde qui explique non seulement le succès de cette opération de sauvetage, mais aussi cette joie de vivre et cette solidarité entre citoyens qui nous rend a contrario si tristes quand on les compare à la situation de la France. Et merde, vive la France...!


Mario Sepulveda
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