lundi 4 octobre 2010

L'Occident est devenue un Enron géant...

C'est le terrible constat que vient de faire l'essayiste et économiste Michel Drac dans une interview reprise par le site Scriptoblog. C'est quoi Enron ? Selon le site Wikipedia, Enron était l'une des plus grandes entreprises américaines par sa capitalisation boursière. Elle produisait et distribuait du gaz et avait une activité de courtage dans le domaine de l'électricité. En décembre 2001, elle fit faillite. La raison : des pertes massives (engendrées par une spéculation intense sur le marché de l'électricité) maquillées en bénéfices, suite à des manipulations comptables. Sa faillite entraîna celle de la société d'audit Arthur Andersen qui certifiait ses comptes. Si on croit Michel Drac, autant dire que l'Occident va dans le mur et que cela risque d'être sanglant. Pour appuyer sa théorie, il reprend les différents évènements intervenus au cours de ces deux dernières années. L'effondrement du marché des subprimes ? Pour lui, la crise des subprimes n'est qu'une infime partie d'une montagne de dettes représentant trois années de PIB. "Comment voulez-vous rembourser une dette égale à trois fois votre PIB alors que votre croissance réelle est faible voire nulle ?(...) Faites le calcul, il n'y a aucun moyen d'honorer cette dette et je ne vous parle pas des produits dérivés". Comment en est-on arrivé là ? En résumé : "Un, le système doit pour se maintenir dégager toujours plus de profit, pour rémunérer un capital en augmentation constante, et pour cela comprime les revenus du travail. Deux, pour dégager des surprofits, le système, dans son intelligence collective, fait également des choix rentables à court terme, mais absurdes à moyen terme (délocalisations, désindustrialisation, déréglementations permettant toute sorte de magouilles sur la dette publique, par exemple - fabriquée à grande échelle depuis 1973 et la fin du système de financement des Etats par les banques centrales". Du coup, la combinaison des points un et deux a entraîné l'économie dans une impasse. On a perdu les finalités réelles de l'économie, celles du développement de la production. "C'est là qu'on arrive au point Trois, le moment où le drame se noue. Pour ne pas voir l'implosion de ce système du profit pour le profit, la Fed de Greenspan maintient, pendant plusieurs années, des taux directeurs absurdes, inférieurs à l'inflation de plusieurs points. Cela revient, alors qu'on a détruit la demande solvable et pendant qu'on continue de saborder l'outil de production, à "shooter" l'économie à l'argent facile, d'où la bulle des subprimes. Le niveau de la dette déjà excessif avant cette période, devient alors absurde. Et tout s'effondre en 2007-2008". Il ne s'agit plus de développer la production, d'améliorer la vie des gens par une économie productive. Il s'agit de renforcer le capital pour garder le pouvoir. Un peu comme cela s'est passé en URSS sous l'ère de Bréjnev. Le but de Brejnev était de maintenir au pouvoir le "bréjnévisme". Après la folie stalinienne et l'échec de Khrouchtchev, Brejnev ne souhaitait que la stabilité : la stabilité de son pouvoir au point de faire une propagande sans retenue, même si l'écart entre le discours et la réalité vécue par la population était devenu tel qu'on ne cherchait même plus à les mettre en accord. "Ce que nous enseigne l'histoire de l'URSS, c'est qu'un système entré dans une telle paraphrénie finit toujours par s'écrouler, soit dans l'anomie, soit dans la paranoïa, soit disons dans un mélange des deux dans une proportion variable". Le plan de sauvetage de la Grèce ? Pour Michel Drac, il est évident que la Grèce ne peut pas rembourser sa dette dans la situation actuelle. Aussi, la finalité de son plan de sauvetage a été de sauver les banques créancières de ce pays. Comme par hasard, plus un pays avait des banques exposées en Grèce, plus il soutenait le plan de sauvetage du FMI et de l'Union Européenne. Derrière la Grèce, il y a la guerre que se mène la finance anglo-saxonne et la Zone euro. Or les Anglo-saxons ont un furieux besoin de liquidités pour prolonger leur système qui est en coma dépassé. Le peuple grec a été pris en otage par la finance de la City, de Wall Street et parfois française. La mise sous tutelle des budgets des Etats de l'Union Européenne ? L'Union Européenne n'est ni unie, ni européenne. C'est une addition d'intérêts divergents qui répond à un fort lobbying provenant du principal concurrent géostratégique : les anglo-saxons. La mise sous tutelle des budgets nationaux signifie la fin de la démocratie puisque le Pouvoir sera concentrée dans les mains des multinationales parmi lesquelles les banques. C'est l'avènement de la dictature bancaire. La guerre contre l'Iran ? Les Israéliens poussent les Américains à la guerre comme les Saoudiens. "Historiquement avant 1914, il y a eu 1913 et la création de la Fed (qui a financé la guerre). Comme avant 1939, il y a eu 1929. Les évènements précédents ne parlent pas franchement pour un climat apaisé dans les dix ans qui viennent". Comment survivre à l'anéantissement programmé ? Michel Drac conclut qu'au moment de cet anéantissement du système, nous aurons tous les cartes entre les mains. Il y aura trois réactions possibles : succomber à l'anomie (il n'y a plus de règles de vie commune, c'est l'anarchie) et rester là à crever de faim à côté d'un frigo vide ; devenir fou, tirer sur tout ce qui bouge et suivre un barjot charismatique qui nous conduira vers l'abîme sanguinaire comme cela s'est produit au XXème siècle avec Hitler et d'autres ; ou tout simplement pousser un grand soupir de soulagement en disant bon débarras et au boulot...
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