On n'arrête pas de nous dire que la reprise est là, que les problèmes sont derrière nous, que tout va aller mieux. A en croire ce témoignage d'un ingénieur en bâtiments qui travaille avec les grands groupes de travaux publics, tout ceci n'est que de la poudre aux yeux :
"Vous savez que les activités du bâtiment sont inertielles (contrairement à l'automobile ou à l'électroménager). Il y a des cycles courts (ce sont les chantiers de moins d'un an) et des cycles longs (les chantiers de plus d'un an). Les carnets de commande sont en train de fondre comme neige au soleil par rapport à l'an dernier : pour les cycles courts, la baisse est de 40%, quant aux cycles longs la baisse en est à 25%, sans parler du niveau de prix, lui aussi en baisse de minimum 20%. Donc je ne comprends pas que des entreprises qui font 5% de marge brute sur des chantiers arrivent à baisser les prix de 20%. En gros, elles vendent à perte pour maintenir l'emploi. Mais ceci ne peut durer qu'un temps : c'est valable pour des crisettes qui durent six mois ou un an, mais aujourd'hui nous sommes dans une récession grave. Beaucoup de clients privés ont reporté le démarrage de leurs chantiers d'au moins six mois. Or la crise a débuté il y a un an (septembre 2008), les chantiers à cycle courts se terminent en ce moment et il n'y a rien à venir derrière. Je vous prédis un désastre dans ce secteur au niveau des emplois d'ici la fin de l'année ou le début de l'année prochaine, l'hiver n'aidant pas la profession. Les grosses sociétés ont déjà dégraissé : fin des emplois intérimaires (30% des ouvriers sur les chantiers) et licenciements des cadres. Ainsi, une très grosse entreprises du bâtiment a déjà viré discrètement (avec un gros chèque) 240 personnes. C'est la méthode suivie dans le secteur : on te donne un chèque mais tu signes un contrat pour que tu la fermes. Les bilans de ces boîtes sont tous faux pour ne pas apeurer le quidam et le cours de bourse. Car dans ces sociétés rien de plus facile que de jouer avec les travaux en cours (sur quelques millions d'euros de chantier, un ou deux millions ne se voient pas). Par exemple : sur un chantier de 10 millions d'euros (une maison de retraite de 80 lits) d'une durée d'un an, vous déclarez que l'avancement est au 30 octobre à 50 % (ce qui est tout bonnement incontrôlable) soit ce qui représente cinq millions alors qu'en réalité il n'est qu'a 30% = 3 millions, vous dégagez donc deux millions sans rien faire. Et puis quand le fisc voudra venir contrôler, il y aura belle lurette que le chantier sera fini. Et je ne vous mentionne même pas les chantiers à l'étranger. Cette manipulation ne dure qu'un temps (maximum un an), car en fin de chantier ont est à 100% et pas à 120%. Le jeu ayant commencé en début d'année, gare aux bilans de fin d'année et aux résultats trimestriels annoncés en mars 2010, mais d'ici là, la purge aura commencé. Plusieurs patrons m'ont déjà indiqué qu'ils préparaient des licenciements pour le début d'année".
Nous voilà donc prévenus. Il n'y a rien à attendre de la nouvelle année si ce n'est de la "sueur et des larmes" comme le disait Winston Churchill...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire