La monnaie unique européenne est dans tous ses états. Arrivera t-elle à résister aux spéculateurs qui ne souhaitent que son abandon ? Rien n'est moins sur car désormais tout le monde s'interroge sur la valeur réelle de l'euro. Comme le souligne ce papier très pédagogique du blog Résultat d'Exploitations abrité par le quotidien le Monde, l'Europe a mal à ses taux. Entre la création de l'euro en 1999 et mi-2008, tous les pays de la Zone euro ont emprunté sur les marchés à des conditions très avantageuses, c'est-à-dire allemandes. Un parapluie protecteur qui a été un avantage pour tous, mais a également permis aux pays de s'affranchir des contraintes de la dette en menant des politiques néfastes. Aujourd'hui cette rente de situation est terminée et les dominos commencent à tomber. "Mais avec cet éclatement des taux d'intérêts, c'est déjà une petite mort de la monnaie unique. Avant la grande ?". Avec la crise des dettes souveraines, on a vu apparaître toute une série de mots inconnus du grand public. Parmi ceux-ci : le mot "spread". Chaque pays, pour financer sa dette, émet des obligations d'état. En France, elles sont dénommées OAT (Obligations Assimilables du Trésor). Il s'agit de titres de crédit qui sont achetés par des emprunteurs à un taux donné (le taux d'intérêt) et pour une maturité (durée de l'emprunt) donnée. En général, la maturité est fixée à 10 ans (valeur retenue pour les comparaisons internationales). Plus l'emprunteur aura confiance dans le pays à rembourser sa dette, plus le taux d'intérêt exigé sera bas. Le "spread" mesure l'écart existant entre les taux d'intérêt de deux pays à un instant T. Ainsi, si l'Allemagne emprunte à 2,5% et que la France emprunte à 3%, le spread est de 0,50% (ou 50 points de base). Dans la Zone euro, on mesure le spread par rapport au taux allemand car c'est le pays qui inspire le plus confiance. Du coup, l'Allemagne bénéficie en permanence des taux d'emprunt les plus bas. Que se passe t-il actuellement ? Les emprunteurs s'inquiètent de la solvabilité de certains pays (Grèce, Irlande,...). En conséquence, les taux d'intérêt pour ceux-ci augmentent ce qui accroît le déficit de ces pays et altère la confiance des marchés. Spirale infernale renforcée par la dégradation de la note du pays par les agences de notation. Ainsi, le taux d'emprunt de l'Irlande est passé de 6% à 9%. Celui de la Grèce a doublé en deux mois passant de 6% à 12%. Et on peut légitimement s'inquiéter pour le Portugal où le taux a pris 2% en deux mois. Quant à la France, le taux d'intérêt de nos OAT à 10 ans était de 2,47% fin août. Aujourd'hui le "spread" actuel est limité à 40 points de base entre la France et l'Allemagne (2,80% en Allemagne contre 3,20% en France). Pendant ces dix dernières années, tous les pays de la Zone euro bénéficiaient des conditions d'emprunt de l'Allemagne ou presque. Ce qui a autorisé tous les pays à ne plus faire trop attention à leurs déficits et à généré des comportements excessifs : mensonges sur l'état de l'endettement en Grèce, bulle immobilière et situation bancaire explosive en Irlande et en Espagne, déficits excessifs en France,...Or la protection a sauté Chaque pays est désormais seul devant ses prêteurs. Si les marchés ont accordé le même taux à tous les pays jusqu'en 2008, c'est qu'ils croyaient dans la solidarité européenne (avec l'Allemagne en ultime sauveur). Mais les difficultés à trouver des solutions globales lors de la crise grecque a eu raison de cette confiance (et de la caution allemande). Chaque pays va donc devoir payer l'intégralité de la prime de risque. C'en est fini du bouclier protecteur de l'euro. Au point de se poser la question de savoir quand éclatera la Zone euro. Qui sortira le premier de l'Union ? Un pays ayant besoin de reprendre sa souveraineté monétaire pour pouvoir agir sur sa monnaie, l'Allemagne qui ne voudra plus payer pour les autres pays ? Les paris sont ouverts...
vendredi 10 décembre 2010
Coup de spread...
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